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se veult emparer de tout ce pays, voire disent que les Bourguignons se sont vendus. Je ne crois ny l’un ny l’aultre article. La composition de Champlite apporte grand subiect à ceulx de cette ville pour défendre leur cause. Ils joindront ce poinct aux aultres semblables… Nous sousmes sur le poinct de passer à Scey-sur-Saône et de costoier la rivière, si n’en sousmes dissuadés au retour du sieur de Raincourt. Si nous y faisons quelque exploit, Votre Seigneurie en sera reservie[1]. »

Les Lorrains de Jonvelle n’étaient que trop bien informés sur les desseins de Henri IV. Il rejoignit son maréchal quelques jours après, et la province eut vingt-cinq mille hommes sur les bras, sans compter les troupes de Tremblecourt et d’Aussonville, revenues à la curée de notre malheureux pays. Les manœuvres du roi de France se concentrèrent dans les environs de Baume, de Besançon, de Pesmes et dans le bailliage d’Aval, qu’il ravagea lui-même sans succès, pendant plus d’un mois, saccageant ou rançonnant plusieurs villes, gagnant beaucoup d’argent, mais peu de gloire, et ne laissant derrière lui qu’un souvenir détesté. Heureusement pour le Comté, la maladie de Gabrielle d’Estrées, qui se trouvait alors à Lyon, et que l’on disait morte en couches[2], fit lâcher prise à son royal amant, qui avait entrepris cette conquête en grande partie pour lui être agréable (août). Renonçant donc à ce projet ambitieux pour le moment, il donna volontiers les mains au traité de neutralité que les ambassadeurs suisses négocièrent en faveur de notre

  1. Mémoires de Champagney, IV, 833.
  2. Ibid., lettre du conseiller Mercerey au comte ; Salins, 25 août 1595).