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de canon vit tomber la vaillance du capitaine, qui se rendit après deux jours de siège, et put se retirer vie et bagues sauves, comme le commandant de la ville. Le vainqueur laissa dans la place une garnison et du canon, que le maréchal de Biron lui fit passer ; car il importait d’assurer une place qui était la clef du pays. Puis il poursuivit sa marche en avant. La première digue était rompue : le flot de l’invasion allait envahir la contrée, comme un torrent furieux, sans rencontrer nulle part une barrière capable de l’arrêter.

Ce fut par une dépêche du baron de Villeneuve que le comte de Champlitte apprit, vers le 5 février, l’attaque inopinée des Lorrains et la prise de Jonvelle. Il se montra très affecté de ce premier échec ; mais en l’annonçant au prince infant, il en rejeta la faute sur le parlement, qu’il ne consultait jamais. C’est alors seulement qu’il s’occupa de faire de nouvelles levées, en convoquant les élus et l’arrière-ban des bailliages d’Amont et d’Aval, et en demandant des troupes aux Suisses et au duc de Savoie[1]. Mais déjà, descendant librement les deux rives de la Saône, étendant partout le pillage, l’incendie et la mort, Tremblecourt à droite, Aussonville à gauche, s’étaient donné rendez-vous à Vesoul, au cœur du bailliage. Toutes les places durent être emportées sur leur passage. Les manuscrits contemporains signalent en particulier, comme ayant été la proie de la force et du brigandage, d’un côté Jussey, malgré ses deux cents élus, Chauvirey, Mercey, Scey-sur-Saône, Traves, la Charité, Port-sur-Saône, Charriez ; d’un autre côté Demangevelle, Richecourt, Vauvillers, Luxeuil, Amance, Baulay, Polaincourt, Clairefontaine[2] et Faverney.

  1. Mémoires de Champagney, IV, 73, 79 ; Dole, 6 février 1595.
  2. Le curé de Polaincourt, l’abbé et le prieur de Clairefontaine, furent emmenés prisonniers et traînés de village en village, avec toutes sortes d’avanies. Cependant le général finit par les mettre en liberté. (Mémoire sur Clairefontaine, p. 227-228.) Baulay en particulier fut tellement ruiné et dépeuplé, que ses registres de baptêmes n’offrent aucun acte pendant deux ans (1595-1596).