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continuèrent longtemps encore de porter le titre de Jonvelle[1], ainsi qu’avaient fait les Beauffremont pendant un siècle.

Il était temps pour notre province que la Providence lui rendit un peu de paix. A partir de l’an 1370 jusqu’à l’avènement de Charles le Téméraire, elle avait vu, dans moins d’un siècle, après trois règnes heureux, sa population s’élever du chiffre de moins de cent mille habitants à celui de quatre cent mille. Mais les malheurs que ce prince attira sur elle rouvrirent l’abîme, plus profond encore qu’il n’avait été sous le règne de la comtesse Marguerite. La peste et la famine avaient tellement aidé la guerre à dépeupler le pays, que plus de dix mille Picards ou Normands y furent accueillis, dans le commencement du seizième siècle, pour en repeupler et en cultiver les campagnes, sous la condition d’une mainmorte très mitigée[2]. En effet, nous verrons qu’en 1537 les habitants de la terre de Jonvelle étaient presque tous étrangers. Après quelques années de répit, un siècle plus tard, la même désolation attendait encore notre infortunée patrie, qui perdit ainsi trois fois sa population en deux siècles et demi.

Marguerite d’Angleterre continua de porter jusqu’à sa mort (1502), le titre de dame de Jonvelle, qui n’avait point cessé de faire partie de son douaire, malgré l’usurpation momentanée des sires de la Trémouille. Le

  1. Gollut, Col. 1565.
  2. Dunod, Traité de la mainmorte, p. 11 et 12 ; Gollut, Col. 1677, note 1. C’est ainsi que le village de Saponcourt a été peuplé. Mgr de Nicey, abbé de Cherlieu, qui en était le décimateur, obtint du pape Paul III une bulle qui l’autorisait à l’ériger en paroisse (11 avril 1543).