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Ce prince ne laissait qu’une fille, nommée Marie, âgée de vingt ans, réputée la plus riche héritière de son temps. Elle était à Gand avec sa belle-mère, Marguerite d’Angleterre, quand elle apprit le malheur qui la rendait orpheline et livrait son opulente succession aux projets cupides du roi de France. Déjà les intrigues du prince d’Orange, du sire de Craon, de Charles d’Amboise, sieur de Chaumont, et de quelques autres seigneurs, avaient décidé le Duché et le Comté à se remettre entre les mains du roi de France, pour être gardés par lui au profit de la princesse Marie, sa filleule. C’est à cette condition que Gray, Dole, Marnay, Pesmes, Salins et quelques autres places, avaient reçu des garnisons françaises[1]. Mais, levant bientôt le masque, Louis XI incrimine de félonie le défunt duc Charles, et, sous un tel prétexte, il confisque à son bénéfice tous ses États. A cette nouvelle, les Dolois donnent le signal de l’insurrection, en chassant les Français de leurs murs ; toutes les villes du Comté se déclarent pour Marie de Bourgogne (février 1477), quand même l’armée victorieuse devant Nancy accourt, sous les ordres de Craon, par la frontière de Jonvelle qui se trouvait presque sans défense, force la ville et le château, livre tout au pillage et à l’incendie, étend ses ravages dans la seigneurie et les poursuit jusqu’aux portes de Vesoul[2]. Pour prix de ses services, la Trémouille

  1. Dunod, Nobiliaire, p. 396 et suiv.
  2. Gollut col. 1363. Nous lisons dans l’enquête de 1510 : " Messire Georges de la Trémouille, seigneur de Cran, comme lieutenant du roy de France, tout après le trespas de mondit seigneur le duc Charles, envahit ledit comté de Bourgoigne, à force de genz d’armes, où il fit de grants et innombrables maux… La seigneurie de Jonvelle n’avait guères de deffense… Entr’autres villes, les François pillarent et bruslarent tant les ville et chasteau de Jonvelle que tout le territoire et seigneurie. (Dépositions du troisième et du quatrième témoin.)