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fut assez heureux pour arrêter la marche victorieuse et dévastatrice de la Trémouille. Refoulé sur la rive gauche de la Saône, celui-ci put encore y continuer ses ravages, en forçant Montot, Gatey, Champlitte et quelques places faibles ; mais, comme on avait repris courage, ses tentatives échouèrent devant toutes les autres, comme Scey, Rupt, Ray, Savoyeux, Dampierre et Fouvent. Bientôt même la crainte de l’armée d’Antoine de Bourgogne, vicomte d’Auxerre, le fit rentrer dans le Langrois, d’où il se jeta sur le Duché. Mais il suffit au vicomte de se montrer avec ses milices, pour mettre en déroute et rejeter en Champagne ce lâche et cupide général, qui n’était fort que contre des moines et des paysans désarmés. Après avoir pourvu à la garde de la frontière de ce côté, le bâtard de Bourgogne, pour obéir au duc son frère, qui l’appelait auprès de lui sur les bords du Rhin, contre les impériaux, prit sa marche le long de la Saône, à travers les campagnes, les bourgs et les villages dévastés du bailliage d’Amont. Les ruines encore fumantes de Jussey et de Jonvelle achevèrent de monter sa colère et sa résolution de la décharger, par de sévères représailles, sur les Barrois et les Lorrains, premiers auteurs d’un tel brigandage. Après un instant de halte à Jonvelle, il écrase en passant Châtillon, Lamarche et d’autres places qu’il rencontre, et il ne quitte le pays saccagé qu’en le menaçant d’un retour plus terrible encore[1].

Ce fut le duc lui-même qui effectua la menace. Ayant conclu une paix de neuf ans avec l’Angleterre et la

  1. Gollut, C01. 1290, 1291.