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attardées de ces Dauphinois étaient restées en Alsace. Au printemps (1545), le maréchal Thiébaud de Neuchatel eut le bonheur de les écharper, aux environs d’Altkirch ; mais leurs débris se répandirent encore sur la frontière nord-est du comté, par ordre secret du roi de France. Tout fut pillé et saccagé de nouveau, depuis Jonvelle et Jussey jusqu’à Champlitte. L’abbaye de Cherlieu eut sa part de malheurs. Les places fortes seules purent tenir, comme Demangevelle, Jonvelle, Jussey, Richecourt, Amance. Le maréchal, qui n’avait pu arrêter les ennemis, écrivait à ce sujet à la duchesse de Bourgogne : « Tous les routiers qui étaient en Alsace sont à présent logés en votre comté de Bourgogne et terre de Jussey, où ils font des maux inouïs. Ils ont passé près de Jonvelle, au nombre de sept cents environ. Après avoir séjourné deux jours à Bourbonne, ils sont maintenant logés à Percey-le-Grand. Sur leur passage tout a été pillé, brûlé, et les habitants emmenés prisonniers. Le roi et le dauphin leur ont mandé secrètement de vivre en Bourgogne et de faire tant qu’on se plaignit d’eux. » On le devine aisément, le roi de France cherchait des représailles, pour en prendre occasion de se jeter sur le Comté ; et si la terre de Jonvelle, que la protection de Jean de la Trémouille, son seigneur nominal, aurait dû couvrir, fut pourtant courue et dévastée par les Français, comme tout le voisinage, c’est que Philippe lui avait déjà donné un gouverneur à son nom, en attendant l’occasion de la retirer définitivement aux la Trémouille par voie de confiscation. En un mot, pendant huit ou dix ans ce cri sinistre : Voici les Écorcheurs ! retentit de toutes parts dans notre malheureux bailliage ;