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était telle que les grands seigneurs eux-mêmes ne pouvaient payer leurs dettes ni leurs redevances au suzerain, qui souvent était obligé de forcer leurs châteaux pour y saisir leurs meubles. Dépeuplé par cinq ou six pestes et par quarante années de guerre, le comté de Bourgogne n’avait pas alors cent mille habitants, tandis qu’il en renferme aujourd’hui près d’un million[1].

Telle est en quelques mots l’histoire lamentable de notre pays, pendant la vie de Philippe de Jonvelle. Il mourut en 1374, après avoir fondé sa sépulture et son anniversaire à Clairefontaine, par une rente annuelle de vingt livres estevenantes, sur Magny-lez-Jussey[2]. Dernier

  1. Essai, II, 140, 180, 184.
  2. Clairefontaine obtint plusieurs chartes bienfaisantes de Philippe de Jonvelle. En 1355, il confirme tous les dons et privilèges accordés à ce monastère par ses prédécesseurs, et il défend à tous ses gens, présents et à venir, de troubler les moines dans leurs possessions, sous peine d’une amende de vingt marcs d’argent. Dans cette charte, Philippe s’appelle seigneur de Jonvelle et de la Votice. Le sceau présente un cavalier brandissant une épée, et de l’autre côté le lion. En 1354, intervention de Philippe en faveur des mêmes religieux, contre les habitants d’Ormoy. Ceux-ci non-seulement refusaient au couvent les cens que le seigneur lui avait donnés sur eux, mais encore ils prétendaient avoir droit de pâturer le grand pré des moines, le jour qu’ils charroyaient lour chavenne de la Saint-Jehan. La sentence du seigneur fit rentrer les délinquants dans le devoir. (Archives de vesoul, H, 358.) La chavenne ou chavanne, appelée aussi foelère, était un feu de joie qui s’allumait à Noël, le premier dimanche de carême ou dimanche des brandons, et à la Saint Jean. Cet usage est d’origine païenne. Les anciens adorateurs du soleil célébraient ainsi les deux solstices, avec des danses et d’autres divertissements. Ces pratiques idolâtriques, comme plusieurs autres, restèrent bien des siècles encore dans les habitudes des peuples, malgré les efforts de l’Église pour les déraciner. De la chavenne sont venus sans doute les noms de Chavanne, Eschavanne, Echevannes donnés à plusieurs villages, hameaux et lieux dits de notre province. Les mots chavanne et foulère sont encore usités pour dasigner un feu de fagots,