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d’Amance, de Fontenoy, etc., prit le titre de comte palatin, auquel il se croyait tous les droits, comme étant le dernier mâle issu de la branche aînée de Jean de Chalon l’Antique. Les portes de Gray lui sont ouvertes sans résistance, aux acclamations des échevins et du peuple. Jussey reçoit ses troupes, et les deux rives de la Saône saluent à l’envi le nouveau palatin. Mais les hauts barons avaient trop intérêt à ce qu’une femme gouvernât le comté, pour ne point s’armer contre le téméraire usurpateur : bientôt, abandonné et vaincu, Jean de Bourgogne dut renoncer à sa puissance éphémère. Les villes de Gray et de Jussey expièrent l’appui qu’elles lui avaient prêté, l’une par une amende de quatre mille florins, et l’autre par une amende de deux mille (1362)[1].

Cependant les routiers et la guerre civile continuèrent à désoler le pays jusqu’à la paix de 1369, qui fut le résultat du mariage de Philippe le Hardi, fils du roi Jean, avec Marguerite de Bourgogne. La vieille et bonne comtesse douairière en profita pour visiter son peuple (1374) qui gémissait de son absence et qui l’accueillit avec amour et générosité, malgré ses malheurs[2]. A travers nos campagnes, ce ne fut pour elle qu’un long spectacle de dévastation. Marguerite ne put retenir ses larmes en voyant les abbayes ruinées et désertes, les terres en friche, les villages presque inhabités et portant les traces profondes de l’incendie, les bêtes fauves peuplant le pays, à la place des hommes. La détresse générale

  1. Chambre des comptes, J, 124.
  2. Gray lui offrit 500 florins. Jussey 300, Vesoul 200, Montbozon 140, Charriez 400 et six queues de vin. (M. Ed Clerc, Essai, II, 180 note 3.)