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autrefois possédés par le fisc romain, furent obligés d’en abandonner une partie à leurs officiers, à titre de récompense, ainsi que les empereurs romains l’avaient pratiqué. Mais ces bénéfices demeurèrent longtemps amovibles, aussi bien que les charges ; et il faut descendre jusqu’au règne de Charles le Chauve, pour voir commencer l’hérédité de l’un et de l’autre, arrachée à la faiblesse et à l’incapacité de ce monarque, par la nécessité de ménager et de satisfaire l’ambition et la cupidité d’hommes puissants dont il avait tout à espérer et tout à craindre.

Au reste, les domaines concédés étaient alors dans l’état le plus déplorable. Pour la plus grande partie, ils étaient restés sans culture, faute de bras ; tant les guerres, les invasions et surtout l’oppression avaient dépeuplé le pays. Ils présentaient l’aspect de vastes déserts, de forêts impénétrables, de lacs et de marais, le tout percé çà et là de quelques voies militaires, que protégeaient des camps ou retranchements de défense. Pour tirer parti de ces vastes terrains les concessionnaires eurent donc à opérer le défrichement, et par conséquent il fallut y attirer des colons, leur accorder des usages communs et leur céder le domaine utile des terres, moyennant de légères prestations en reconnaissance du domaine direct. De là, il n’en faut pas douter, sont sorties la plupart de nos communes actuelles.

Mais il en a été de la féodalité comme des autres institutions humaines : toutes finissent par dégénérer. Sous les descendants de Charlemagne, la faiblesse et l’inertie minèrent successivement un édifice que le génie de ce grand prince semblait avoir rendu inébranlable.