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ARTS, LETTRES ET SPORTS



Au lendemain de la réunion tenue par le Comité International Olympique à Londres (juin 1904) j’écrivais dans le Figaro les lignes suivantes : « L’heure est venue de franchir une étape nouvelle et de restaurer l’olympiade dans sa beauté première. Au temps de la splendeur d’Olympie — et plus tard même quand Néron, vainqueur de la Grèce, ambitionnait de cueillir sur les rives de l’Alphée des lauriers toujours enviés — les lettres et les arts harmonieusement combinés avec le sport assuraient la grandeur des Jeux olympiques. Il doit en être de même dans l’avenir. Loin de nous, aujourd’hui comme hier, la pensée de poursuivre la restitution à la fois enfantine et sacrilège d’un passé magnifique. Mais si le siècle exige que, pour être vivantes et durables, les olympiades modernes revêtent les formes qu’inspirent ses lois, rien ne nous interdit de dégager du passé ce qu’il contenait d’humain, c’est-à-dire d’immuable. L’importance nationale du sport, sa fonction internationale, le danger de le laisser corrompre par l’appât du gain, la nécessité de l’associer étroitement aux autres formes de l’activité, ce sont là des certitudes qui ont survécu à la destruction d’Olympie et à l’éclipse momentanée du radieux idéal en vue duquel l’étonnante cité s’était édifiée. Nous avons voulu, dès le début, la restauration complète de cet idéal sous un aspect et dans des conditions appropriées aux nécessités du moment. Mais il fallait d’abord qu’un athlétisme rajeuni et viable nous en fournît les éléments, que des rendez-vous réguliers fussent pris entre les peuples, qu’une série nouvelle d’olympiades jalonnât la route à suivre. Cela fait, il devenait possible et désirable d’unir dans les fêtes futures, comme ils l’avaient été dans les fêtes d’antan, les muscles et la pensée… Certains purent observer sans doute que si, jadis à Olympie, les poètes venaient lire leurs œuvres inédites et les peintres exposer leurs tableaux récents, cette publicité est désormais sans intérêt pour les uns comme pour les autres. Aussi