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convoqué à la Sorbonne pour le mois de juin de cette même année 1894 et du rétablissement éventuel des Jeux Olympiques (modernisés ceux-là) qui en serait vraisemblablement la conséquence. Je lui dis que nous proposerions pour les inaugurer la date de 1900 et que la première Olympiade coïnciderait de la sorte avec l’Exposition[1].

M. Picard écouta mes explications et celles de M. Strehly sans formuler la moindre opinion. Il nous dit qu’il allait « classer » le projet et nous convoquerait en temps opportun ; ce qui, par parenthèse, ne se produisit pas. Ni M. Strehly ni moi n’entendîmes plus jamais parler de la chose. Quant aux Jeux Olympiques, M. Picard n’en tint nul compte car le 2 septembre suivant (le Congrès de la Sorbonne avait eu lieu dans l’intervalle et les Jeux Olympiques avaient été rétablis) le Ministre du commerce sur sa proposition nomma une commission de quatre-vingts membres chargée d’étudier un « programme de concours se rattachant aux exercices physiques » susceptibles d’être organisés « dans la région de Vincennes pendant l’Exposition universelle de 1900 ». La formule n’était pas très heureuse. La composition de la commission que présidait le général Baillod l’était d’avantage. Je ne pus prendre part aux travaux de ladite commission ; j’étais en Grèce occupé à préparer les Jeux de 1896 quand elle s’assembla et lorsque je rentrai à Paris le rapport était sur le point d’être déposé. Du reste, 1896 concentrait tous nos efforts. Pour 1900 on verrait plus tard.

Lorsque le Congrès du Havre (1897) eut pris fin, l’heure sonna pour nous de songer à la deuxième Olympiade. Mais où en étaient les concours de l’Exposition ? Quels étaient les projets du commissaire général ? Il importait avant tout de le savoir. Depuis deux ans et plus, la Commission dont je viens de parler n’avait plus été convoquée et personne ne parlait de la faire revivre. Il demeurait vaguement convenu qu’il y aurait « des exercices physiques à Vincennes ». Or Vincennes avait dès lors très mauvaise réputation : l’annexe qui y serait installée était couramment désignée sous le nom de « dépotoir de l’Exposition » ; on disait que le commissariat général y expédiait volontiers tous les projets inintéressants pour lui ou dont il entrevoyait le lâchage comme

  1. J’ai raconté plus haut comment, au Congrès de 1894, la date de 1900 parut trop éloignée et comment nous fûmes conduits à proposer la date de 1896 et le choix d’Athènes dans l’inauguration des olympiades nouvelles.