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« Sire,

« En prenant la présidence du Comité International des Jeux olympiques, je tiens à ce que mon premier acte soit un remerciement adressé en la personne de son auguste souverain à la Grèce tout entière. Par les efforts de ses fils, ayant à leur tête le plus noble d’entre eux, s’est trouvée réalisée l’œuvre à laquelle j’avais osé la convier.

« Il y a deux ans, quand s’ouvrit le congrès de Paris, Votre Majesté daigna m’adresser un télégramme d’encouragement. Je me permets de le Lui rappeler aujourd’hui que mes vœux sont accomplis et que les Jeux Olympiques sont rétablis. En présidant à leur rétablissement, Votre Majesté nous a donné le droit, à mes collègues et à moi, de compter encore sur sa bienveillance dans l’avenir.

« Daignez agréer, Sire, l’hommage de mon plus profond respect et de mon inaltérable reconnaissance. »

Au Times qui avait publié une dépêche erronée impliquant la renonciation du Comité International à poursuivre son entreprise, j’adressai une lettre rectificative. Enfin dans un long entretien avec Son Altesse Royale le prince héritier, j’exposai mes raisons de persévérer et suggérai l’établissement de concours panhelléniques qui s’intercaleraient entre la série des Olympiades internationales. Le prince avait déjà eu cette pensée et il se montra très partisan d’une semblable solution. Elle parut plaire également à sa Majesté qui me fit l’accueil le plus bienveillant lorsque j’allai prendre congé et La remercier en même temps pour l’envoi qu’Elle venait de me faire de la commanderie du Sauveur.

Par contre, la presse athénienne et une partie du public prirent mon audace en très mauvaise part. Je reçus des lettres d’injures où l’on me traitait de « voleur, cherchant à dérober à la Grèce l’un des joyaux historiques de sa parure ». Ce qui ne m’empêcha pas de goûter à Corfou, en rentrant en France, la douceur d’un repos enchanteur sans que l’ombre d’un remords vint troubler ma conscience de philhellène.