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notre épopée lointaine

s’acheminait vers le palais. Les ombres indécises montèrent le perron monumental, passèrent au travers de la porte sans que celle-ci se fût ouverte et se répandirent dans l’exposition. C’étaient les grands coloniaux de France, sortis de leurs glorieux tombeaux. Ils étaient venus par milliers et regardaient, avides…

En tête s’avançaient les marchands normands qui fondèrent, dès 1365, les premiers établissements de la côte de Guinée, le Petit-Paris, le Petit-Dieppe… et avec eux les aventuriers de génie dont nos enfants savent à peine les noms et dont les exploits, pourtant, auraient dû susciter des poètes et tenter tant d’historiens : Jean de Béthencourt, chambellan de Charles vi, qui s’empara des Canaries ; Jean Cousin qui, de 1488 à 1499, parcourut les mers à la recherche des Indes orientales ; Paulmier de Gonneville qui visita le Brésil, l’appela Terre des Perroquets et en ramena le fils d’un indigène dont il fit son gendre ; Denis de Honfleur qui débarqua dans la baie de Bahia ; Thomas Aubert, Jean Bourdon qui découvrit la baie d’Hudson, et ce terrible Ango qui, voulant venger les navires français coulés par les Portugais dans les eaux brésiliennes, leur captura trois cents bateaux, remonta le Tage jusqu’à Lisbonne et imposa la paix à Jean iii de Portugal. Passèrent ensuite les douze Français qui accompagnèrent Magellan autour du monde, puis les rudes boucaniers de Saint-Domingue, puis encore un groupe où toutes les provinces de France comptaient des représentants.

Il y avait là Jacques Cartier, de Saint-Malo, qui remonta le Saint-Laurent et créa, avec le seigneur de Roberval, les établissements du cap Breton et de l’île d’Orléans ; Villegageux qui fonda à Rio-de-Janeiro une colonie de Français ; Jean Ribaud, de Dieppe, qui s’empara du pays situé au nord de la Floride et lui donna le nom de Caroline en l’honneur de Charles ix ; Laudonnière le Poitevin qui tenta