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la fortune de l’hellade

tournent leurs pensées et ne demandent qu’à diriger leurs pas ? Songez que les voyageurs étrangers apportent chaque année plus de 600 millions de francs en Italie, environ 250 en Suisse et, dit-on, près de 2 milliards en France. Le point de vue est-il donc à dédaigner ?

J’aurais plus de confiance, je dois le dire, en de tels procédés qu’en une réfection des règlements de la Commission internationale. La somme exigée par le contrôle est de 39 000 drachmes : dès la première année, les revenus affectés à ce service ont dépassé cette somme ; il paraît certain que, sans la fraude et la contrebande qui se font sur une grande échelle, le surplus serait bien plus considérable qu’il ne l’est. Mais voilà ! ce surplus fait l’objet d’un partage pas bien judicieux. Le gouvernement hellène ne touche que 40 pour 100 ; le reste, soit 60 pour 100, est employé pour moitié à relever l’intérêt servi aux porteurs des titres, moitié à augmenter l’amortissement. La part faite à la Grèce ne l’incite pas à une surveillance suffisamment effective, d’autant que frauder le contrôle se revêt aux regards de ses nationaux d’une vague teinte de patriotisme. Toujours la lutte contre l’étranger ! Il opprime même quand il rend service. Ne nous indignons pas. C’est humain. Nous en ferions autant. Mais que le pays vienne à bénéficier de la totalité des excédents et tout changera. Les Grecs, bons calculateurs, trouveront leur compte à faire bonne garde.

On peut toujours en essayer. D’ailleurs l’expérience d’une pareille réforme appliquée à la dette ottomane y encourage. Seulement un certain aléa subsiste, tandis qu’il n’y en a aucun à transformer le plus tôt possible et le plus complètement la Thessalie en un grenier — et le reste de la Grèce en un musée.