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notes sur l’éducation publique

le pays s’appela la Grande Grèce. Entre eux la paix fut rarement durable, l’entente jamais profonde ; ils ne cessèrent de s’attaquer ; la seule guerre du Péloponnèse dura vingt-huit ans et s’étendit de la Sicile à l’Asie Mineure ; leur politique extérieure n’eut aucune suite, fut toute en heurts et en caprices ; à l’intérieur, les révoltes et les cabales se succédèrent presque sans interruption ; Corinthe renversa et restaura ses oligarchies ; Athènes passa des lois sages de Solon à la tyrannie éclairée de Pisistrate, puis au despotisme de ses fils pour revenir à la liberté ; Agrigente et Syracuse furent tour à tour gouvernées par des « tyrans » et par des collectivités aristocratiques. L’expérience, d’ailleurs, ne corrigea jamais les États grecs, puisqu’ils se montrèrent impuissants à faire vivre cette Ligue achéenne dont le fédéralisme démocratique semblait convenir si bien à leur tempérament politique. Tout cela n’empêcha point l’hellénisme de se répandre et de s’affirmer par la similitude des institutions, par le commerce, par les lettres et les arts, par une façon uniforme de vivre et de penser. L’histoire grecque, envisagée sous cet angle, prend son véritable aspect et sa véritable durée ; elle englobe l’empire d’Alexandre, pénètre l’empire