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notes sur l’éducation publique

sède pas, il se trouve dans une situation d’infériorité vis-à-vis de ses concurrents ; sa vie active prend, pour ainsi dire, son point de départ dans le sous-sol au lieu de commencer de plain-pied avec celle de la majorité des autres hommes. Le mot de Danton est ainsi doublement justifié ; car l’éducation devient nécessaire pour obtenir le pain ; c’est un second besoin sans lequel on risque de ne pouvoir satisfaire le premier. La société estime, à bon droit, criminels des parents qui, pouvant nourrir leurs enfants, les laissent souffrir de la faim et elle tend de plus en plus à assimiler à ce crime la privation d’instruction. Il y a vingt ans, l’idée d’obligation passait encore pour une grave atteinte à la liberté individuelle ; les craintes que suscitait alors cette nouveauté s’apaisent graduellement et le nombre de ses adversaires décroît rapidement.

Les motifs invoqués en faveur de la gratuité sont loin d’avoir la même force ; aussi le courant ne se dessine pas d’une façon bien nette. À ceux qui prétendent établir une corrélation indispensable entre l’obligation et la gratuité, on peut répondre que, de tout temps, l’État a imposé des dépenses aux citoyens, en dehors du paiement régulier des impôts. Dans beau-