Page:Coubertin - Notes sur l education publique, 1901.djvu/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.
265
l’université moderne

vaillent avec tant de zèle de nombreux groupes d’hommes distingués, est certainement une œuvre de raison ; l’idée centrale en est exacte et la philosophie, comme l’économie politique, fournit en sa faveur de puissants arguments. N’empêche qu’un peu de passion est indispensable pour en faire, selon l’expression chère à M. Fouillée, une Idée-force ; et cette passion, ce ne sont point les diplomates ni les hommes politiques qui l’y mettront, mais la jeunesse seule. Les étudiants, pour une telle besogne, forment les meilleures des ambassades ; ils représentent, à la fois, le passé et l’avenir de leur pays et ceux vers qui on les envoie, leur sont unis par la solidarité du travail et de la science.

La Science ! elle n’est pas moins menacée que la Paix par le nationalisme qui s’isole ; non pas seulement parce que les découvertes, les théories, les points de vue se complètent, se contrôlent et se rectifient les uns les autres et que dès lors l’universalité de la progression scientifique en assure la justesse, mais parce qu’il existe une tendance permanente et excusable de la part de la jeunesse universitaire à exagérer, en les faisant siennes, les thèses de ses professeurs et à les ériger même en thèses nationales, pour peu qu’elles soient discutées ou