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notes sur l’éducation publique

matériel et moral qu’on peut tirer du sport ; mais nous savons qu’il tend irrémédiablement vers l’excès, que ce sont là son essence, sa marque indélébile. Prétendre modifier ce principe fondamental, c’est poursuivre une chimère ; jamais vous n’empêcherez le citius, altius, fortius, de s’échapper des lèvres d’un vrai sportif et des vrais sportifs, vous n’empêcherez pas davantage qu’il y en ait. Ce que vous pourrez faire, ce sera de tempérer individuellement le trop absolu de leurs aspirations. Les moyens ne manquent pas. Quand il s’agit de jeunes gens non encore échappés à la tutelle des maîtres et des parents, l’examen médical périodique sera une bonne précaution, à condition qu’il soit dirigé par des hommes au courant de la question et non point systématiquement hostiles au sport, comme le sont aujourd’hui la plupart des médecins. La diffusion de l’hygiène par l’enseignement agira dans le même sens. Mais ce qui importe encore davantage, c’est que les pouvoirs publics, les municipalités, les sociétés elles-mêmes évitent, en donnant des prix nombreux et de grande valeur, de surexciter, à côté de l’émulation sportive, un redoutable esprit de lucre. Si le mépris mystique de la « guenille charnelle » qui contribua si fort