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notes sur l’éducation publique

quelques jeunes gens groupés autour du chanoine Kingsley. On les appelait des « muscular christians » non qu’ils mêlassent à leurs exercices le moindre signe d’un culte quelconque, mais parce que, très carrément, ils proclamaient l’action moralisatrice du sport, la noblesse de la force physique et l’utilité pour l’âme d’être servie par des chairs fermes et des muscles durs. Ils s’inquiétaient moins de faire école que de se procurer à eux-mêmes de saines jouissances. Ils voyaient loin cependant. Une certaine lueur philosophique les environnait : des ressouvenirs de la Grèce, le respect des traditions stoïciennes et une conception assez nette des services que le sport pouvait rendre au monde moderne, ne tardèrent pas à attirer l’attention sur eux. On se moqua d’eux, mais le ridicule ne les découragea point. Quand le mouvement prit de la consistance, ils furent attaqués furieusement, avec rage, par la parole et surtout par la presse. Mais déjà leur œuvre était hors d’atteinte ; les universités d’Oxford et de Cambridge s’y étaient associées. Elles devaient y trouver le germe d’un magnifique relèvement, d’une véritable purification. En même temps ce grand citoyen, Thomas Arnold, le chef et le type des