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nion publique d’en avoir raison. Cette évolution s’accomplira d’elle-même et très aisément.

Et que les moralistes se rassurent : la morale, aucunement, n’en souffrira.



LA SUPÉRIORITÉ DU FOOTBALL

À propos de l’introduction de certains jeux dans le programme d’instruction militaire d’une armée voisine, je lisais, ces temps-ci ce jugement péremptoire promulgué par un chroniqueur anonyme : « On a banni avec raison le football du programme, ce jeu ayant une valeur physiologique très discutable. » Cela m’a rappelé le vœu d’un brave écrivain qui, en 1894, après m’avoir félicité d’avoir osé rétablir les Jeux olympiques, me prédisait la gratitude des archéologues parce que, disait-il en terminant son article, « cette belle initiative pourrait bien avoir pour résultat de faire retrouver l’antique Olympie sur l’emplacement de laquelle on n’est point d’accord ». Il ignorait tout simplement qu’on eût exhumé les ruines d’Olympie et même l’Hermès de Praxitèle par-dessus le marché… Il retardait. Ceux qui discutent « la valeur physiologique du football » retardent, eux aussi. Il y a bel âge que la valeur en est acquise et non seulement au point de vue physiologique mais encore au point de vue moral et au point de vue intellectuel.

Physiologiquement parlant, le football combine un certain nombre d’excellents sports dont les principaux sont : la course, le saut, la lutte et le lancer. Le joueur qui n’est pas endurant pour courir, prompt à bondir, habile à viser, ingénieux à saisir ne fait pas un partenaire désirable. Et voilà déjà, vous le reconnaitrez, un certain nombre de groupements, de coordinations musculaires qui se trouvent intéressés dans l’action d’ensemble provoquée par le jeu. Comment cette action ne se répercuterait-elle pas sur l’organisme de façon favorable ? Aussi bien le total des efforts fournis peut être excessif mais ce ne sera pas en tous les cas cet excès dans le spécialisme contre lequel les théoriciens s’élèvent avec tant de véhémence. Le fait même qu’au cours de la partie, la course se mue en lutte et que le lancement succède aux bonds implique une alternance de mouvements, une diversité d’efforts qui ne permettent pas au surmenage localisé de s’établir.

On dira peut-être que cela est le propre des jeux en général, notamment des jeux de ballon. Or la généralisation n’est pas