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n’avoir pas encore découvert ces procédés et d’avoir poussé la crainte de prendre froid jusqu’à vous abstenir si longtemps de vous déshabiller et de vous laver en plein air.

Voilà de bonnes accoutumances pour le temps de guerre, de salutaires rudesses auxquelles s’entraîner.

J’entends bien que vos parents, vos mamans surtout, assez portées à délicatiser vos quatorze et quinze ans, vont s’alarmer de mes conseils mais ce ne sera pas pour me faire reculer. J’aurais en réserve d’autres reproches à leur adresser. Ainsi donc, émancipez-vous du régime du cache-nez et du coton dans les oreilles et sachez bien qu’un homme n’en est pas un si l’air n’est pas son meilleur ami et l’eau sa fidèle confidente.



DANS VOTRE CHAMBRE

Le culte matutinal rendu à la gymnastique est chose récente et, sous sa forme présente, je ne le crois pas durable. C’est dommage, car il est excellent en soi ; mais il faut prendre les hommes pour ce qu’ils sont c’est-à-dire pour des êtres incapables de prolonger, au delà des délais marqués par la mode, un effort qui ne s’étaie ni sur la contrainte, ni sur l’agrément. Or il faut l’avouer, la gymnastique du matin n’est pas amusante et bien peu la sentent indispensable. On s’y livre parce qu’on voit le voisin s’y livrer, voilà tout ; et on le fait d’ailleurs avec un zèle très inégal et une ardeur qui ne va pas sans défaillances. N’y aurait-il pas moyen d’appuyer cette pratique sur des bases plus solides et d’en tirer ainsi un meilleur rendement ?

Pour cela, il faut chercher à en augmenter à la fois l’efficacité et l’attrait. La gymnastique individuelle du matin revêt en général un caractère anodin, homéopathique, qui est son pire défaut et qui provient de ce qu’elle s’exécute à mains libres, sans agrès intéressants et, le plus souvent, dans un espace trop restreint. Il semble possible de modifier certaines de ces conditions.

Et d’abord les mouvements que vous recommandent les différents manuels traitant de la question sont volontiers présentés comme composant une litanie de gestes successifs et essentiels, une manière de rite consacré. Il n’en est rien. Pourquoi tel mouvement plutôt que tel autre ? On serait très en peine de le dire et les arguments par lesquels cet exclusivisme cherche à se justifier sont simplement l’expression de la concep-