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le 16 mai.

printemps suivant. Le commerce et l’industrie souffraient ; il y avait partout de l’incertitude et de la paralysie. Cependant, dans certains milieux, on ne reculait pas devant la responsabilité de prolonger, au détriment du pays, un si fâcheux état de choses ; les ministres ne se retirèrent pas tout de suite, envisageant peut-être la possibilité d’une nouvelle dissolution que réclamaient les partis extrêmes. Il fallut renverser le cabinet, renverser encore, vingt jours plus tard, le cabinet d’affaires qui se constitua le 23 novembre sous la présidence du général de Rochehouët, et avec lequel la Chambre refusa « d’entrer en rapport, attendu qu’elle voyait dans la constitution de ce cabinet la négation des principes parlementaires[1] » Enfin, échappant aux conseils funestes de son entourage, le maréchal redevint lui-même et se décida à appeler M. Dufaure, qui constitua un ministère avec le concours de MM. de Marcère, Léon Say, Bardoux, Waddington (affaires étrangères), de Freycinet, Teisserenc de Bort, l’amiral Pothuau et le général Borel. C’était le retour à la vie normale, la rentrée « dans la vérité parlementaire, dans la pratique assurée des institutions[2] ». Les intransigeants de droite y virent une « capitulation devant l’ennemi ». Mais la nation, délivrée

  1. Journal officiel. — Les députés refusèrent en même temps leur sanction aux crédits ouverts par décrets en l’absence du Parlement, et la commission du budget refusa de présenter jusqu’à nouvel ordre aucun rapport sur les contributions directes. Cette énergique attitude eut raison de toutes les résistances de l’Élysée.
  2. Discours de M. Bardoux, ministre de l’instruction publique. D’autre part, le message du 15 décembre reconnaissait formellement l’irresponsabilité du Président, la responsabilité des ministres et la souveraineté du suffrage universel, ce « juge sans appel » ; c’était le désaveu que le maréchal infligeait aux doctrines dont on avait voulu faire de lui le représentant.