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le 16 mai.

ont pour mission de répartir dans leur session d’août. À mesure que les élections approchaient — on les avait fixées au 14 octobre, à la limite des délais permis par la loi — la candidature officielle se fit plus scandaleuse. La mention : « Candidat du gouvernement de M. le maréchal de Mac Mahon » figurait sur papier blanc[1] dans les mairies. L’administration prodiguait les appels au zèle de ses représentants, doublant les circulaires publiques de circulaires confidentielles qui les corrigeaient[2] ; en même temps, les évêques publiaient des mandements électoraux, conviant les fidèles à marcher au scrutin, comme à l’accomplissement de quelque devoir religieux.

Or, malgré les perquisitions et les répressions, le gouvernement n’arriva pas à persuader au pays que MM. Bérenger, Léon Renault, Laboulaye, Dufaure ou Léon Say fussent des révolutionnaires dangereux. À première vue, les résultats de la journée du 14 octobre parurent assez indistincts ; mais on se rendit compte bientôt que le parti réactionnaire subissait un terrible échec. La pression exercée en sa faveur ne lui gagnait qu’une quarantaine de sièges, et la majorité républicaine restait de plus de 100 voix[3]. Un écart de 700,000 voix sur 10 millions d’inscrits et 7 millions de votants représentait la différence des forces dans les deux camps.

Cette longue crise compromettait à la fois la Constitution et l’Exposition universelle de 1878, qui s’ouvrait au

  1. Les affiches sur papier blanc sont, on le sait, les affiches officielles.
  2. Jules Ferry, Discours prononcé à la Chambre le 14 novembre 1877.
  3. « 363 contre 158, c’était la Chambre ancienne dans les grands jours ; 320 contre 210, c’est à peu près la Chambre nouvelle, quand elle sera au complet. » Ch. de Mazade, Revue des Deux Mondes, Chronique.