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le 16 mai.

le duc de Broglie et M. Beulé n’allassent pas y faire leurs dévotions. M. du Temple et M. de Belcastel jouaient à l’Assemblée le rôle d’évêques laïques ; ils se prodiguèrent pour faire passer la loi relative à la construction de la basilique de Montmartre, et peu s’en fallut qu’un vote solennel ne « consacrât la France repentante au Sacré-Cœur de Jésus ». Sans doute, plus d’un bon chrétien s’affligea de ces exagérations en songeant à la réaction qu’elles devaient nécessairement déterminer.

Elle ne tarda pas, en effet, et il y eut une « émulation désastreuse entre l’esprit clérical et l’esprit radical[1] ». L’un et l’autre ont leurs pontifes et leurs fidèles : la religion radicale s’imagine avoir reçu, depuis 1793, le don des miracles et le don des langues.

Le cléricalisme, injuslement dénommé de la sorte, puisque les laïques y ont eu plus de part que les prêtres, s’est cantonné successivement sur deux terrains de combat, mal choisis l’un et l’autre : le pouvoir temporel du Pape et l’éducation nationale. Entre 1872 et 1877, les revendications en faveur du pouvoir temporel furent incessantes. Sans tenir compte des difficultés où nous nous trouvions et des indications du plus élémentaire bon sens, on les multiplia. Il circulait des pétitions jusque dans les écoles primaires, et quelques-unes étaient conçues dans des termes offensants pour le gouvernemenl du roi Victor-Emmanuel. Des prélats, emportés par leur zèle, firent de cette question brûlante le thème de leurs mandements, et on vit l’évêque de Nevers organiser dans son diocèse une manifestation

  1. Ch. de Mazade, Revue des Deux Mondes, Chronique.