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les premières années

Il y eut une détente dans le pays et comme un mouvement de sympathie générale. Les électeurs ne prêtèrent qu’une attention distraits aux harangues de leurs représentants qui se vantaient, à droite, d’avoir arrêté la France sur le bord des abîmes, et se lamentaient, à gauche, de voir la République aux mains des réactionnaires. On put croire un instant qu’une politique de parti allait prévaloir dans les conseils du Président[1] ; mais ces craintes ne tardèrent pas à se dissiper, et l’on fêta brillamment, sans arrière-pensée, le shah de Perse qui passa en revue, à Longchamps, notre jeune armée au moment où les derniers soldats prussiens quittaient la France ; dans l’enthousiasme avec lequel fut reçu le monarque oriental entrait, pour beaucoup, la joie de la libération.

Le 5 septembre, on versa les 263 millions complétant, en capital et en intérêts, les cinq milliards de la contribution de guerre. La Banque de France restait avec une encaisse métallique de plus de 700 millions ; depuis deux ans le monde commercial avait marché de surprise en surprise. L’élasticité française dépassait toute attente ; le billet de banque n’avait subi aucune dépréciation, et la prime de l’or demeurait insignifiante[2].

Entre temps, un événement considérable s’était produit. Le 5 juillet, le comte de Paris s’était rendu à Frohsdorff

    tout entière de reconnaître qu’effectivement rien n’était changé en France.

  1. Des poursuites un peu tardives furent ordonnées contre un député, M. Ranc, pour sa participation à la Commune, et des mesures de police injustifiées furent prises, à Lyon, contre les enterrements civils. Le maréchal avait appelé le duc de Broglie au quai d’Orsay ; M. Magne aux finances ; M. Beulé à l’intérieur ; M. Ernoul à la justice ; M. Batbie à l’instruction publique.
  2. Il est juste de faire honneur de ce résultat, pour une large part, au régime précédent et à sa politique commerciale.