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les premières années

cours de Gambetta à Bordeaux, et un livre du général Chanzy sur la deuxième armée de la Loire, l’entrée de Littré à l’Académie française suivie de la démission bruyante de Mgr Dupanloup, l’élection du duc d’Aumale dans l’Oise, du prince de Joinville dans la Haute-Marne et la question de avoir s’ils occuperaient leurs sièges de députés ou s’ils renonceraient à paraître à l’Assemblée, tous ces petits événements pasionnaient l’opinion.

Le 31 août 1871, sur la proposition de M. Rivet, le titre de Président de la République avait été conféré à M. Thiers pour une période de trois ans. Il ne s’agissait que de régulariser sa situation vis-à-vis des pays étrangers et de la France qu’il représentait auprès d’eux. La proposition Rivet avait réuni quatre cent quatre-vingts voix contre quatre-vingt-treize ; mais que de légèretés d’esprit trahissaient les discussions orageuses dont cette proposition anodine fut le prétexte ! Tandis qu’avaient lieu, au milieu d’une indifférence générale, les premières élections aux conseils généraux[1], remarquables surtout par le nombre des abstentions, bonapartistes et radicaux commençaient une vigoureuse campagne en faveur de la dissolution de l’Assemblée. Le relèvement ne semblait donner de force qu’aux partis pour mieux lutter les uns contre les autres. À droite, on ne songeait qu’à tenir une monarchie « toute prête ». Les royalistes, dans leurs revendications, associaient le rétablissement du pouvoir temporel du Pape et la restauration carliste en Espagne à la rentrée de Henri v. Ils multipliaient les pèlerinages tant à Lourdes et à la Salette qu’à

  1. Le 8 octobre 1871.