Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/443

Cette page n’a pas encore été corrigée
422
la question sociale.

bre, on ne voit pas qu’elles empêchent l’entente. « Actuellement, écrit M. Vaillant, il n’y a que des nuances qui, théoriquement, séparent les socialistes ; le socialisme moderne est, quant aux idées, le même dans tous les pays et pour tous les partis[1]. » Et M. Vaillant écrit encore ces lignes qui sont intéressantes à méditer, en ce qu’elles montrent l’état d’esprit d’un des citoyens les plus en vue du parti : « Les révolutions ne sont que les crises politiques et sociales qui éliminent les éléments vieillis de l’ordre social et mettent en œuvre, dégagent pour une évolution nouvelle les éléments accumulés par le progrès des choses et des mœurs, au libre développement desquels s’opposait le régime antérieur, survivant par la force organisée de son gouvernement, de sa classe privilégiée, aux conditions qui l’avaient créé et qui, disparaissant, amènent sa chute. Certes, plus nous irons, plus la volonté des hommes et la force organisée du parti socialiste joueront un rôle dans les déterminations ultérieures, mais à la condition d’être exactement en accord avec le développement historique, avec l’évolution sociale, qu’il lui sera facile de précipiter, mais impossible de contredire ou d’altérer. Quant au temps, à la durée des phases, des étapes à parcourir, nous ne pouvons rien dire. »

Quelque incomplet et imparfait que soit cet aperçu des conditions dans lesquelles se développe le socialisme en France, il suffit à établir l’importance et la continuité du mouvement. Comment s’imaginer qu’un semblable mou-

  1. Lettre à M. de Seilhac (Revue bleue du 2 novembre 1895).