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de la république.

volonté ? Pour tous, abstraction faite de leurs préférences, le devoir ne serait-il pas de « mettre la main à ce travail commun qui devait embrasser notre reconstitution militaire, notre réorganisation intérieure et l’énergique réforme de l’éducation publique[1] » ? Ne fallait-il pas « s’accoutumer à faire modestement, simplement des choses utiles, afin d’apprendre à faire virilement de grandes choses, lorsque l’heure arriverait[2] » ?

Cependant, quelque simple que fût le programme, l’Assemblée de Bordeaux ne l’adopta pas unanimement. On put bientôt s’apercevoir qu’elle renfermait des minorités inquiètes et turbulentes qui semaient dans son sein des « malentendus orageux ». Tout d’abord, la responsabilité de la paix ne fut pas assez loyalement acceptée. On eût aimé voir, en cette douloureuse circonstance, l’Assemblée en deuil voter silencieusement : ce deuil et ce silence, quelle plus éloquente protestation devant l’univers ! Or il semble que, dans certains groupes, on ait cherché à réserver en quelque sorte la responsabilité de cette paix qui s’imposait, comme avec l’arrière-pensée de s’en servir plus tard dans un intérêt de parti. La nation devait déjouer d’elle-même ces calculs perfides. Le traité de 1871 n’a jamais subi le sort des traités de 1815. On le savait inévitable : le peuple eut la conviction que tout avait été tenté pour en rendre les conditions moins dures, et qu’à moins d’abaisser la dignité nationale ses représentants n’auraient pu faire davantage.

« J’appelle expressément bon citoyen, a dit Prévost-

  1. Ch. de Mazade, Revue des Deux Mondes, Chronique.
  2. Id.