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l’éducation.

veau » formulé en 1893 par leur grand maître d’alors, M. Spuller.

La République a fait plus pour l’enseignement secondaire des filles que pour celui des garçons. On peut presque dire qu’elle l’a créé. L’histoire de l’enseignement des filles est celle des retards indéfinis que la routine administrative, d’une part, l’instabilité politique, de l’autre, ont opposés aux progrès reconnus dès longtemps comme indispensables. C’est l’Assemblée constituante qui a proclamé le principe de l’égalité des sexes en matière d’éducation. Lakanal fit décréter par la Convention que chaque école primaire serait divisée en deux sections, l’une pour les garçons avec un instituteur, l’autre pour les filles avec une institutrice[1]. Rien de pratique ne sortit de cette décision ; elle resta lettre morte. Le statut du 17 mars 1808, qui posa les bases de l’Université impériale, ne fit pas mention des écoles de filles. Un rapport, rédigé en 1810 par Mme de Genlis pour l’Empereur, constata des abus, des négligences sans nombre. Mêmes constatations vingt et un ans plus tard, sous la plume de M. de Montalivet s’adressant au roi Louis-Philippe[2]. Une ordonnance de 1836 détermina enfin les conditions dans lesquelles pouvaient être établies les écoles de filles ; mais l’obligation pour les communes d’en établir ne fut inscrite dans la loi que par la seconde République. Pour l’enseigne-

  1. Décret du 27 brumaire an iii (17 novembre 1794).
  2. « Un certain nombre d’écoles rangées parmi les écoles de garçons, écrivait le ministre, comprennent des enfants des deux sexes. — Tout porte à croire que les écoles spécialement destinées aux filles ont été laissées dans une situation encore plus déplorable que celle des garçons. »