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la république et l’église.

Les évêques ne donnaient pas l’exemple de la soumission. Ils savaient que le Pape désirait les voir s’abstenir dans les luttes électorales. Mgr Baptifolier, évêque de Mende, écrivit aux curés de son diocèse pour leur recommander d’agir de leur mieux sur les votes des électeurs municipaux qui allaient se trouver appelés à choisir des représentants. « Sachez-bien, leur disait-il, qui si un candidat nommé par vous venait à proposer et faire adopter une mesure antireligieuse, vous seriez responsable de cette mesure devant Dieu, devant l’Église, devant votre conscience, et vous devriez vous accuser, en confession, d’avoir porté au pouvoir un persécuteur de l’Église[1]. » L’archevêque d’Avigon et ses suffragants publièrent un mandement collectif en violation flagrante du Concordat qui interdit ce genre de manifestation ; enfin, il fallut une intervention nouvelle de Léon xiii pour amener la dissolution de l’« Union de la France chrétienne » qui, maintenant, lui résistait indirectement.

À gauche, on était un peu troublé « d’avoir à défendre

    des désordres tels qu’il fallut les suspendre. Ces désordres se renouvelèrent à Saint-Joseph et aussi dans plusieurs villes de province, à Nancy, à Beauvais, à Marseille. Les sujets choisis, en général, participaient faiblement du caractère religieux.

  1. Dans une brochure destinée à la propagande, le même prélat avait dit : « Les confesseurs ont le devoir de refuser l’absolution aux parents qui ne tiendraient pas compte de cette défense et confieraient leurs enfants à ces écoles de perdition réprouvées par l’Église. » Mgr Gouthe-Soulard écrivait de même, en 1892 : « Vous ne devez pas oublier, mes très chers frères, que vous êtes de l’Église militante. Sans exagération, je ne crois pas que jamais elle ait subi une guerre plus habile, plus satanique, plus rouée. » Ces dernières lignes sont à rapprocher de celles-ci, écrites par Mgr Turinaz, évêque de Nancy : « Je me demande si jamais une tyrannie à la fois aussi odieuse et aussi hypocrite, aussi absurde et aussi déshonorante, a été imposée depuis dix-neuf siècles à un clergé et à un pays catholiques. » De telles exagérations confondent l’imagination.