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de la république.

une, en effet ; elle permit à M. de Bismarck d’affecter, en présence du caractère provisoire des institutions, une indifférence ironique entre l’Empire et la République, et de se dire prêt à signer la paix avec le plus offrant.

Il n’entre pas dans le cadre de cette étude de refaire, même en résumé, l’histoire des jours sombres pendant lesquels la France disputa pied à pied son territoire aux armées allemandes. D’autres l’ont écrite en détail et avec talent[1]. Le gouvernement de la Défense nationale ne fut, après tout, que le préambule de la République, un préambule écrit avec du sang, dans les ténèbres. Les hommes qui eurent le pesant honneur d’en faire partie ont vu, comme ils devaient s’y attendre, leurs actes et leurs intentions calomniés : il est difficile de prétendre qu’ils n’aient pas justifié en grande partie leur conduite dans leurs dépositions devant la commission d’enquête instituée par l’Assemblée nationale. En tout cas, on doit reconnaître qu’ils sauvèrent l’honneur de la France en organisant la résistance à outrance, qu’ils ne reculèrent devant aucune des responsabilités que leur initiative leur faisait encourir, et qu’ils cherchèrent sincèrement à n’être pas un gouvernement de parti.

Ils le devinrent malgré eux ; à la longue, les questions politiques reprirent le dessus, la solidarité qui, dans la lutte contre l’Empire, les avait unis aux radicaux, les utopies qu’ils avaient admises parfois dans leurs programmes, tout leur passé batailleur entravaient leurs mou-

  1. Voir notamment le remarquable ouvrage de M. Albert Sorel sur l’Histoire diplomatique de la guerre franco-allemande.