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la république et l’église.

1863, le Pape exprimait à l’archevêque de Malines son vif mécontentement ; l’année suivante parut l’encyclique Quanta cura (8 décembre 1864), dans laquelle Pie ix qualifiait de « liberté de perdition » le droit des citoyens de « répandre publiquement et extérieurement leurs pensées, soit par la parole, soit par la presse[1] ». Cette manifestation de Malines fut la plus célèbre ; mais d’autres eurent lieu qui montrèrent que la flamme libérale couvait toujours sous la cendre, comme, pour alimenter quelque grand incendie à venir. Pendant ce temps, sur l’autre rive de l’Océan, grandissait ce catholicisme américain qui devait étonner l’ancien monde par ses hardiesses. Tocqueville avait déjà constaté que les catholiques[2] formaient « la classe la plus républicaine et la plus démocratique qui soit aux États-Unis », et il en avait conclu « qu’on a tort de regarder la religion catholique comme un ennemi naturel de la démocratie, et qu’une fois que les prêtres sont écartés ou s’écartent du gouvernement, comme ils le font aux États-Unis, il n’y a pas d’hommes qui, par leurs croyances, soient plus disposés à transporter dans le monde politique l’idée de l’égalité des conditions[3] ». Lorsque les dollars américains commencèrent à former une part considérable du denier de Saint-Pierre, l’Église d’outre-mer attira l’attention ; on s’aperçut qu’elle puisait sa force dans un

  1. Il y eut encore un Congrès en 1866 auquel prirent part Mgr Dupanloup, M. de Falloux, le Père Hyacinthe Loyson ; les discussions furent orageuses ; on dut dissoudre le Congrès. Les Congrès de Poitiers et de Reims, en 1875, ne réunirent que des partisans du Syllabus. On y entendit Mgr Nardi parler contre la diffusion de l’enseignement et M. de Mun faire une brillante, mais paradoxale apologie du moyen âge.
  2. Il y avait aux États-Unis, quand il les visita, un million de catholiques sur quinze millions d’habitants
  3. A. de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, t. ii.