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le triomphe de la république.

les armées se trouvèrent représentées dans un hommage unanime qui s’adressait à la nation entière ; elle y trouva la juste récompense de bien des labeurs et de bien des efforts.

À la rentrée, un nouveau ministère fut constitué. M. Casimir-Perier apparaissait comme l’homme nécessaire ; on attendait qu’il donnât un nouveau prestige à la présidence du conseil ; jusque-là, le chef du cabinet avait été presque l’égal, en pouvoir et en autorité, de ses collègues ; les uns et les autres se mettaient d’accord et arrêtaient un commun programme ; on avait reconnu les inconvénients de cette méthode, et on souhaitait la voir se modifier dans le sens du parlementarisme britannique ; c’était au « premier » à avoir son programme et à trouver des collaborateurs pour l’appliquer. M. Casimir-Perier prit donc le pouvoir[1], et son prédécesseur, M. Charles Dupuy, exerça à sa place les fonctions de président de la Chambre. Il s’y distingua en une circonstance tragique. Le 9 décembre 1893 un anarchiste, du nom de Vaillant, lança des tribunes de la salle des séances une bombe dont un hasard providentiel atténua les terribles effets ; il y eut des blessés[2], mais point de morts. Comme l’explosion emplissait la salle de fumée et jetait le trouble parmi les assistants, le président Dupuy prononça ces simples paroles, désormais historiques : « Messieurs, la séance continue… » Les députés demeurè-

  1. M. Casimir-Périer prit les affaires étrangères. MM. Raynal, Burdeau, Spuller, Antonin Dubost, Viger, Marty, Jonnart, le général Mercier et l’amiral Lefèvre furent ses collaborateurs. M. Maurice Lebon occupa le poste de secrétaire d’État aux colonies. Plus tard un ministère des colonies fut créé, qui eut pour premier titulaire M. Boulanger, sénateur.
  2. Le plus grièvement atteint fut M. l’abbé Lemire, député du Nord.