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le triomphe de la république.

Le président de la Chambre ne fut pas réélu ; on reprochait à M. Floquet d’avoir dicté à la Compagnie de Panama ses libéralités à la presse et de lui avoir recommandé certains journaux favorables à la République, de préférence à d’autres ; M. Casimir-Périer fut élu à sa place[1]. Quant au président du Sénat, il quitta volontairement et sans prétexte plausible le poste qu’il occupait depuis si longtemps. Ces changements comblaient de satisfaction les organes des partis inconstitutionnels, lesquels en concluaient que l’ingratitude est l’essence même de la République ; ils développaient ce thème philosophique en l’appuyant sur des exemples et opposaient, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, l’empressement à récompenser les services rendus, qui distingue les gouvernements monarchiques, à l’indifférence que la démocratie témoigne à ceux qui l’ont le plus fidèlement servie ! Par malheur, en attribuant à Jules Ferry la succession de M. Le Royer, les sénateurs donnèrent un démenti à cette thèse déclamatoire ; la mort semblait attendre, pour frapper le grand homme d’État, que la justice de ses compatriotes eût mis fin à l’ostracisme qui pesait sur lui. Trois semaines plus tard, Jules Ferry mourut subitement, et ses obsèques revêtirent le caractère d’une grande réparation nationale[2]. Au milieu de tous ces affolements, la parole pontificale s’éleva de nouveau ; dans une lettre adressée à M. de Mun, le Pape maintint ses précédentes instructions et condamna implicitement l’entreprise des ennemis de la République.

  1. M. Casimir-Périer fut remplacé, comme vice-président de la Chambre, par M. Félix Faure.
  2. M. Challemel-Lacour lui succéda à la présidence du Sénat.