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le triomphe de la république.

devaient. M. Rouvier, se sentant atteint, donna sa démission, et M. Tirard prit son portefeuille. Sur ces entrefaites, MM. Charles de Lesseps, Marius Fontane, Cottu et Sans-Leroy furent arrêtés et des poursuites ordonnées contre MM. Emmanuel Arène, Dugué de la Fauconnerie, Antonin Proust, Jules Roche et Rouvier, députés, Béral, Devès, Albert Grévy, Léon Renault et Thévenet, sénateurs.

À partir de ce jour ce fut une succession ininterrompue de scandales ; on était en plein imprévu : la commission d’enquête prenait des allures de tribunal ; on ne savait plus où était la justice, au Palais ou bien à la Chambre. Les députés se soupçonnaient les uns les autres et affichaient des « rigorismes d’occasion[1] ». M. Andrieux publia une prétendue liste de « chéquards » sortie on ne sait d’où, à laquelle un nom manquait ; le document était troué à l’endroit où le nom aurait dû figurer : par là pouvaient passer les calomnies les plus monstrueuses. L’opinion se laissa prendre à cette farce grossière, et chacun de chercher le nom de ce M. X… sur lequel M. Andrieux affectait de ne vouloir donner aucun éclaircissement ; on ne savait qu’inventer ; un jour il s’agissait d’un ambassadeur accrédité près du gouvernement de la République et, le lendemain, d’une personnalité touchant de très près au chef de l’État.

Toutes ces calomnies avaient leur contre-coup à l’étranger ; les souverains se sentaient en péril d’être insultés en la personne de leurs représentants, et la presse allemande insinuait, joyeuse, que désormais de simples chargés d’affaires suffiraient auprès de la République. On dut exiger

  1. Paroles prononcées à la Chambre par M. Ribot, président du conseil.