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le triomphe de la république.

des matières premières, si indispensables à notre industrie ; mais ensuite le débat se poursuivit d’une manière défavorable à son programme de « tarification modérée[1] ».

Le tarif général fut approuvé le 18 juillet 1891 par 387 voix contre 110. Au Sénat, le tarif fut accepté et défendu avec plus de résignation encore et moins de conviction qu’à la Chambre[2]. L’exemple donné par la France lui suscita peu d’imitateurs. Mais il en résulta une certaine tension de rapports et de la mauvaise humeur entre elle et ses voisins. Le 7 décembre, les cabinets de la Triple Alliance communiquèrent aux Chambres de Rome, Berlin, Vienne et Budapest les traités de commerce signés la veille et préparant, par l’abaissement des tarifs douaniers, un Zollverein de l’Europe centrale. De même que les escadres, envoyées en ambassade, constituaient maintenant une sorte de marine diplomatique, on allait chercher dans les ententes commerciales le moyen de resserrer les alliances politiques.

Sans prétendre porter un jugement prématuré sur l’œuvre protectionniste, il est permis de donner pour épilogue à cette brève analyse les paroles prononcées au cours de la discussion par un représentant de la Beauce : « La solution définitive du problème agricole n’est pas

  1. Quand vint la discussion du tarif colonial, on l’assimila au tarif général pour les droits d’entrée dans les colonies, et on accorda le bénéfice de la demi-taxe pour l’entrée des denrées coloniales en France.
  2. Le produit des impôts pour 1891 dépassa les prévisions de plus de 400 millions, et l’exercice correspondant de près de 107 millions ; on peut donc dire que la France se trouvait en plein essor industriel. Par contre, des approvisionnements furent faits en vue du prochain changement de régime, en sorte qu’il est difficile de considérer ces chiffres comme normaux.