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la crise (1885-1889).

ii

Les difficultés intérieures qui s’amoncelaient depuis 1885 n’étaient pas aplanies par le grand changement qui venait de s’opérer. La Chambre demeurait décomposée et sans force ; le hasard présidait au vote. L’opinion se trouvait dans un état stationnaire et lassé qui se manifesta au renouvellement sénatorial partiel du 5 janvier 1888. Quant au ministère, formé en dehors de toute indication précise, il manquait de prise sur le Parlement[1].

Le budget de 1888 étant naturellement en retard, on avait dû recourir une fois de plus aux douzièmes provisoires, et de nouveau l’incohérence régnait dans les délibérations. Le projet dont M. Yves Guyot était rapporteur portait élévation des droits de succession collatérale et des licences de boisson : ce système fut repoussé. La commission refusa de s’occuper du budget des cultes, dont fort heureusement la Chambre vota le maintien ; mais celui du Tonkin fut impitoyablement refusé. Ce voie antipatriotique amena la retraite du sous-secrétaire d’État aux colonies, M. Félix Faure, et causa une vive émotion. La Chambre dut se déjuger, mais au lieu d’accepter le chiffre proposé, qui était de 20 millions, elle le réduisit à 19,800,000 francs et se contenta de cette mince satisfaction d’amour-propre.

  1. M. Tirard, président du conseil, n’avait formé qu’un cabinet d’affaires avec MM. Fallières, Flourens, Sarrien, de Mahy, Faye, Loubet, Dautresme, Viette et le général Logerot.