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la crise (1885-1889).

il dut, d’ailleurs, pour y parvenir, recourir à la dissolution du Reichstag et il l’intervention du Pape. Toutefois, ces bruits de guerre, ces attaques envenimées de la presse allemande, les inquiétudes qui se manifestent sur les divers marchés financiers pouvaient, par leur fréquence même, agir sur l’opinion, tout au moins la rendre nerveuse et irritable. Il n’en fut rien. La France supporta cette nouvelle épreuve avec toutes les apparences du calme le plus hautain[1] ; et quand se produisit le déplorable incident Schnaebelé, la dignité d’attitude de la nation et le sang-froid du ministre des affaires étrangères M. Flourens, eurent seuls raison des injustifiables provocations de M. de Bismarck. Le chancelier avait dépassé toutes limites : armements en Allemagne, expulsions en Alsace, campagne de presse, tout avait été mis en œuvre. L’Europe finit par voir clairement d’où partaient les projets attentatoires à son repos. Cependant, en France, on commença de concevoir le danger qu’il y aurait à maintenir plus longtemps le portefeuille de la guerre entre les mains du général Boulanger ; ses allures étaient suspectes ; on sentait en lui un empressement à se faire remarquer dont aucun de ses prédécesseurs n’avait donné l’exemple. La popularité dont il jouissait déjà dans certains milieux inquiétait pour l’avenir. On se demandait si la République allait entrer dans l’ère des « pronunciamientos ». Le cabinet fut renversé le 17 mai 1887, sur une question budgétaire ; toute la droite, insensible à un appel que M. Goblet lui avait indirectement adressé, et à une certaine fermeté de carac-

  1. En Alsace, quinze députés protestataires furent élus.