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la crise (1885-1889).

Personne ne le regretta. M. Goblet, qui venait de rendre des services à l’instruction publique, prit la présidence du conseil et obtint le vote de deux douzièmes provisoires[1]. Son langage, à la fois ferme et modeste, lui conquit des sympathies et détendit un peu la situation. La détente ne fut pas de longue durée ; les élections partielles continuaient de prouver que le pays demeurait attaché à la République. Mais à la Chambre, les discussions se ressentaient de la présence des partis inconstitutionnels, dont l’apparente gravité de la situation extérieure ne suffisait pas à calmer les ardeurs.

Il y avait comme un frémissement d’armes dans toute l’Europe. M. de Bismarck affectait de redouter l’influence du général Boulanger, dont l’attitude, il est vrai, avait des cotés alarmants, bien que l’ampleur de ses projets de réorganisation militaire[2] indiquàt plutôt des intentions immédiatement pacifiques. En réalité, il s’agissait pour le chancelier d’obtenir le vote du septennat militaire ;

    texte à un nouveau conflit dans les Balkans. La note avait été remise le 23 avril ; le 25, le cabinet hellène céda et, le 26, les ministres d’Allemagne, d’Autriche, d’Angleterre et de Russie en furent avisés ; mais, le même soir, sans tenir compte de la démarche de la France, ils déposèrent un ultimatum devant lequel M. Delyannis refusa de s’incliner. Le 7 mai, les représentants des quatre puissances quittèrent Athènes. M. de Freycinet, au lieu d’y laisser du moins M. de Moüy, l’invita à venir « conférer » avec lui, tandis que l’Europe, au mépris de sa parole et de ses engagements, établissait le blocus sur les côtes de Grèce. La diplomatie de M. de Freycinet avait été plus heureuse auprès du Vatican. Léon xiii mit fin aux négociations qu’avait entarnées la Chine en vue d’obtenir l’envoi d’un nonce à Pékin ; la France eût perdu de la sorte l’influence que lui donne en Extrême-Orient le protectorat des missions catholiques.

  1. MM. Sarrien, Dauphin, Berthelot et Flourens formèrent le nouveau cabinet, avec les anciens coliègues de M. Goblet.
  2. Le général Boulanger avait retiré les projets de loi déposés par ses prédécesseurs et les avait remplacés par une espèce de code général établissant l’unité d’origine des officiers.