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la crise (1885-1889).

par rapport au produit correspondant de 1884 ; les deux premiers mois de 1886 accusaient déjà un rendement inférieur de 23 millions et demi aux évaluations budgétaires et de 15 millions et demi au produit correspondant de 1885. C’était donc une insuffisance de 206 millions, et le gouvernement avait promis de ne pas contracter d’emprunt, de ne point créer d’impôt nouveau et de fondre le budget extraordinaire dans le budget ordinaire.

M. Carnot se procurait 76 millions par la réforme de l’impôt sur les boissons, en doublant le prix de la licence et en portant la taxe de l’alcool de 156 à 215 francs par hectolitre. Il se proposait de prendre les 80 autres millions sur le chapitre v du ministère des finances, créé par l’Assemblée nationale pour l’amortissement des obligations sexennaires. M. Carnot demandait à transformer en dette perpétuelle les 466 millions d’obligations sexennaires, c’est-à-dire à faire une émission de rentes, et dès lors voulait la faire complète ; il émettait donc 1,466 millions de 3 pour 100 perpétuel, afin de couvrir en même temps 152 millions d’obligations à court terme que le gouvernement avait été autorisé à créer pour pourvoir aux dépenses extraordinaires de 1886, — 105 millions de dépenses extraordinaires indispensables pour compléter les armements et 750 millions destinés à rembourser la Caisse des dépôts, — en un mot à « dégager la dette flottante ». C’était assurément là un budget sincère et honnête ; il accusait « les dangers et l’obscurité de nos finances et simplifiait la comptabilité publique[1] ». Mais la commission

  1. André Daniel, L’Année politique, 1886.