Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée
180
la france coloniale.

tes sans nombre le massacre de leurs compatriotes (1672), et Louis xiv eut beau décréter l’annexion de Madagascar (devenue l’île Dauphine) par une série d’arrêts qui portent les dates de 1686, de 1719, de 1720 et de 1721, les Malgaches ne se laissèrent point séduire. Les aventuriers réussirent mieux. On se rappelle l’histoire de ce caporal Labigorne qui épousa la reine Béty et réorganisa les relations commerciales entre Madagascar, l’île Bourbon et l’île de France (1750-1767). Après lui vinrent M. de Modave et Béniowski que protégeait d’Aiguillon et que les Malgaches voulurent proclamer roi. La Convention installa un résident à Tamatave[1]. La Restauration s’empara de Tintingue (1829) : Louis-Philippe l’évacua. Aucun gouvernement ne semblait se soucier de faire un effort pour resserrer les liens qui unissaient Madagascar à la France. Mais aucun n’osait les trancher définitivement. Une occasion favorable s’offrit à Napoléon iii, Trois commerçants français établis dans l’île, MM. de Lastelle, Laborde et Lambert, s’étaient acquis une grande situation auprès de la reine Ranavalo et de son fils. L’établissement du protectorat était alors facile, mais l’Empereur, tout

    des annonces alléchantes. Il organisa même une souscription en tête de laquelle s’inscrivirent le Roi et les princes.

  1. Il est à remarquer que, malgré les difficultés que rencontrait la Convention à l’intérieur et sur les frontières, elle trouva le temps de s’occuper des colonies et ne songea jamais à les abandonner. Le « sentiment colonial » n’existait point parmi les conventionnels préoccupés surtout de rester fidèles à leurs principes, de supprimer l’esclavage et d’émanciper l’humanité partout où ils le pouvaient. Néanmoins il y eut quelque mérite de leur part à s’occuper, en cette époque si troublée, du sort de terres lointaines qu’ils eussent pu émanciper sans pour cela se croire obligés de concourir à leur défense. Ce fut assurément le principal titre de gloire de la Convention que cette préoccupation de ne rien perdre du territoire national et d’en préserver partout l’intégrité.