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la france coloniale.

le gouvernement a été bien secondé par l’initiative privée. Le comité de l’Afrique française et d’autres sociétés similaires lui ont apporté le concours le plus louable et le plus désintéressé ; les chambres de commerce, les sociétés de géographie, de grands journaux quotidiens et même de simples particuliers ont fait les frais d’expéditions dont les résultats furent considérables. Mais tous ces sacrifices, tous ces dévouements ont été inspirés par l’amour de la patrie ou de la science ou par l’ambition de faire quelque action généreuse et d’acquérir une notoriété de bon aloi. Or ce sont surtout les entreprises agricoles, industrielles et commerciales qui enrichissent les colonies. Mais si les Français sont prêts à donner leur sang pour la cause de la civilisation ou pour l’agrandissement du domaine national, ils paraissent moins disposés à risquer leurs capitaux pour procurer à leurs nouvelles possessions cette « irrigation » bienfaisante, qui seule en assurera le développement.

Après l’Afrique et l’Asie françaises, Madagascar constitue la troisième portion importante de notre empire actuel d’outre-mer. Ce n’est pas d’hier, ainsi qu’il est dit plus haut, que datent nos relations avec la grande île africaine. Les Normands s’y établirent, et, il y a près de trois siècles, la Compagnie des Indes y fit des expériences malheureuses[1] ; Colbert s’en occupa sans réussir à y intéresser l’opinion[2]. Les agents français y préparèrent par des fau-

  1. Les représentants de la Compagnie, Pronis, Étienne de Flacourt, ne surent pas se faire accepter par les habitants ; ce dernier surtout leur devint odieux par sa sévérité. Réorganisée par le maréchal de la Meilleraye, la Compagnies fit à Madagascar une nouvelle tentative infructueuse. En 1671 la Compagnie rendit l’île au roi de France.
  2. Colbert tenta par une innovation originale de créer un courant d’opinion en faveur de Madagascar. Il répandit des brochures et fit faire