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l’alerte de 1875

acharnée dans laquelle ses adversaires furent soutenus moralement par la Hongrie ; les populations albanaises, cédées à la Serbie et au Montenegro, se révoltèrent ; une insurrection éclata en Macédoine et une autre en Roumélie. On dut procéder à des remaniements successifs ; une conférence se réunit à Berlin, le 16 juin 1880, pour compléter ce que le Congrès avait ébauché et modifier les parties défectueuses de son œuvre ; elle n’y parvint qu’à demi. Pour exécuter la décision attribuant au Montenegro le petit port du Dulcigno, il fallut réunir dans l’Adriatique des forces internationales considérables ; la « démonstration navale » de Dulcigno compta parmi les plus ridicules aventures et souligna le caractère incomplet et précaire des concessions consenties de part et d’autre. Quant aux Hellènes, après s’être beaucoup occupé d’eux, on les abandonna sans trop de honte, et la France commit la maladresse de leur causer une forte déception après leur avoir donné beaucoup d’espoir[1].

  1. Après avoir été soutenus par M. Waddington et M. de Freycinet, les Hellènes se virent quelque peu abandonnés par M. Barthélemy Saint-Hilaire, ainsi qu’il appert de trois circulaires en date des 24 et 28 décembre 1880 et 7 janvier 1881 ; ces circulaires furent publiées inopinément en 1881 par la Press de Vienne et le Morning-Post de Londres, et ce fut l’occasion d’un débat parlementaire soulevé par M. Antonin Proust. La Russie et l’Angleterre, prêtes à soutenir la Grèce, d’accord avec la France ressentirent assez vivement notre retraite injusfiée, et le gouvernement britannique livra à la publicité du Livre bleu deux dépêches de son représentant à Athènes, dont l’une, datée d’août 1880, était ainsi conçue : « Les dispositions de la France à abandonner ou tout au moins à modifier le rôle actif que le gouvernement de la République devrait prendre en vue d’un règlement de la frontière grecque en conformité avec les décisions de la Conférence de Berlin, dispositions manifestées par le ton de la presse française, par le retard dans l’arrivée ici des officiers français chargés de réorganiser l’armée grecque, par le soudain retrait de l’escadre française et par le non-accomplissement de la promesse faite par le gouvernement français de fournir trente mille fusils à la Grèce, ont causé un sentiment