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et le congrès de berlin.

République, comment le faire admettre par l’Allemagne, par la Russie, par l’Autriche, sans entraver l’action de nos ambassadeurs ?

Quant à l’héritage catholique, il compliquait au même degré que l’héritage monarchique la tâche des représentants de la France républicaine. Personne ne songeait à le répudier, mais pouvait-on l’accepter tout entier ? Au lendemain du jour où elle s’était accomplie par la force et avec toutes les apparences d’une violation du droit, la chute du pouvoir temporel des papes soulevait la colère de l’univers catholique. Le temps seul affaiblirait les rancunes en montrant la puissance spirituelle du Saint-Siège fortifiée par cette chute. Jusque-là, une grande circonspection s’imposait. Nos agents n’auraient d’action comme défenseurs des intérêts catholiques au loin, qu’autant que la France et le Saint-Siège entretiendraient de bons rapports, et précisément l’hostilité du clergé et des cléricaux contre la République semblait devoir amener une tension — peut-être une rupture momentanée entre le Vatican et le cabinet de Paris.

Bien d’autres difficultés de détail étaient accumulées sous les pas de nos diplomates, entre autres celle-ci qui pouvait leur sembler particulièrement redoutable ; leurs actes seraient interprétés et jugés tout différemment dans le Parlement français que par l’opinion publique des peuples chez lesquels ils seraient en résidence ; le point de vue ne serait jamais le même ; les députés ne pourraient se défaire, pour considérer la politique extérieure, des habitudes d’esprit avec lesquelles ils décidaient des affaires intérieures ; car, il faut bien le dire, si le parti républicain s’était