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les voies de l’amour

pleures-tu, me demanda mon père ? » — « Je voudrais en sauver un autre pour le donner à ma petite amie ». — « Choisis, me dit mon père ». J’en pris un en tout semblable à celui que mon père voulait élever. Je n’en dis rien à ma petite amie, et, quand les deux petits chats furent capables de boire du lait dans une soucoupe, j’allai chercher mon amie qui s’appelait, j’ai oublié de vous le dire, Andrée. Quand je revins avec elle dans la cuisine, la chatte avait le nez dans la soucoupe et les deux chatons y trempaient leurs petites pattes blanches de devant et y agitaient leurs petites langues pointues, pendant que leur petite queue battait joyeusement l’air.

« Je vois encore la mine curieuse de la petite Andrée. Elle était là debout, les mains derrière le dos, la tête basse, l’air sérieux, regardant avec envie ce groupe délicieux et vivant. Elle resta longtemps immobile et muette… « En veux-tu un, lui dis-je ? choisis-le ». — Elle se mit à sautiller et à battre des mains. Je crus qu’elle me sauterait au cou tant elle était contente. « Oh ! oui, oui, dit-elle ». Puis se jetant à genoux et s’asseyant sur ses talons, elle prit les deux petits chats dans ses mains caressantes et les approcha de ses deux joues où les petits nez laissèrent des grosses gouttes de lait. Cette petite Andrée, si fine, si caressante devait être un jour la mère de mon Andrée adorée qu’elle ne devait, hélas ! jamais caresser. »