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les voies de l’amour

l’espérais. J’avais l’habitude de rencontrer ma fiancée tous les jours quand le soin de mes malades m’en laissait le loisir et le temps, mais depuis six jours que j’étais de retour, je l’avais à peine entrevue dans mes courses empressées à mes malades, tout juste pour la saluer quand je n’étais pas trop absorbé par l’idée de mon départ. Elle avait vite appris mes intentions de retourner dans mon village natal et elle me supposait aussi d’autres intentions que je n’avais cependant dévoilées à personne ; mais dans un village que ne sait-on, que ne suppose-t-on ? Vu mon absence prolongée, ma fiancée me fit mander. Je me rendis chez elle, bien décidé à briser mon engagement.

« Monsieur, me dit-elle, vous pensiez me trouver triste, désolée à la nouvelle que vous venez m’annoncer. Voici votre anneau ; il était lourd à mon doigt depuis longtemps, et vous n’avez jamais été assez perspicace pour vous en douter. Je vous en fais mon compliment. Si votre intelligence n’est pas trop bornée, monsieur, j’espère que la leçon empêchera votre présomption de faire d’autres bévues semblables qui vous exposent à la risée de tous. Je vous dégage de votre parole à laquelle je n’ai jamais eu confiance. Dimanche prochain, au prône, vous entendrez la publication des bans entre Mademoiselle Léontine Caron et Monsieur Armand Lévesque que je n’ai jamais cessé d’aimer malgré vos