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dérober à une mort certaine par quelque action tant soit peu indécente, n’aura jamais pu se déterminer à commettre un si grand crime. Au contraire, celle qui, ayant perdu toute honte et toute pudeur, s’expose sans peine à ces sortes d’indécences, ne fait que trop connaître qu’elle est capable des crimes les plus noirs. La première femme, confuse de se voir ainsi découverte, fut forcée d’avouer publiquement son crime. »

— L’Académie française est dans l’usage de faire prêcher tous les ans le panégyrique de saint Louis dans la chapelle du Louvre. Cette compagnie a été si charmée du discours qui a été prononcé cette année qu’elle a député deux de ses membres au ministre qui a la direction des affaires ecclésiastiques pour le prier de donner un bénéfice à l’orateur qui avait montré un talent si marqué. Comme ces messieurs, depuis l’établissement de leur société, n’avaient fait cette démarche qu’une autre fois, on a eu égard à leur demande, et l’abbé Poulle vient d’obtenir une abbaye de huit mille livres. Son discours paraît imprimé depuis peu de jours[1]. Il manque d’ordre, de netteté et d’harmonie ; on y trouve quelques belles idées médiocrement bien rendues, et un grand nombre de capucinades. Je crois que les académiciens doivent être bien honteux d’avoir fait tant de bruit pour si peu de chose.


XXXIII

J’ai eu l’honneur de vous marquer, dans une de mes dernières lettres, qu’on était occupé à Paris du soin de trouver un emplacement favorable pour y placer la statue équestre du roi. M. Gresset fit des vers dans lesquels il indiqua une vieille colonne qui a servi autrefois aux sortilèges de Catherine de Médicis. Cette idée bizarre lui attira une épigramme que je vous ai envoyée, et a donné occasion aux vers du célèbre Piron que vous allez lire.

  1. Panégyrique de saint Louis. Paris, 1748, in-4o.