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prévôt, et le chanoine capiscol, de Saint-Sernin, Raymond Gayrard, vénéré comme un saint, à cause de son amour des pauvres et de son dévouement à l’œuvre de l’église abbatiale dont il poussa la construction jusqu’à la naissance des voûtes.

Le comte Guillaume IV était le fils aîné du comte Pons et le petit-fils de ce comte Guillaume, qui portait le sobriquet héroïque de Taillefer, parce que, dit sa légende, d’un coup de sa terrible épée, il pourfendait la tête casquée, de son adversaire jusqu’au menton inclusivement. Ce dernier repose tout près de nous, dans cet enfeu mystérieux qui s’ouvre au transept méridional de Saint-Sernin et devant lequel le vrai Toulousain s’arrête d’instinct, saisi soudain par l’emprise de tout un passé de gloire. C’est vers l’an 1066 ou 1067 que Guillaume IV épousa la comtesse Matels ; il fit le pèlerinage de Rome en 1079. Ces dates nous permettront de fixer le moment de sa vie où le comte Guillaume fonda l’hôpital Saint-Raymond.

Quant à l’évêque Izarn, il appartenait à la famille des seigneurs de Lavaur et nous le trouvons installé sur le siège épiscopal de Toulouse à partir du 6 décembre 1071.

Mgr Douais porte l’établissement de l’hôpital à l’année 1080 ; c’est une hypothèse, mais elle paraît vraisemblable. Le premier bienfaiteur de l’hôpital était un certain Pierre Benoît, juge et probablement juge-mage de Toulouse ; il donna une maison et une petite église voisine, instituée sous le vocable de saint Jean ; elle deviendra la chapelle Saint-Raymond, annexe de l’hôpital et puis du collège : « Ce don que tu fais, lui dit le comte, je le reçois à l’honneur de Notre-Dame, de Notre-Seigneur Jésus-Christ et du saint Sépulcre où je veux aller en pèlerinage, et parce que tu as eu pitié des pauvres du Christ, par amour de Dieu et par amitié pour moi, je te promets que ni toi ni ton fils n’irez jamais en ost ni en cavalcade, c’est-à-dire à la guerre, et vous ne paierez Jamais ni quête ni taille. »

Le comte, l’évêque et le chanoine sacristain de Saint-Sernin Raymond-Guillaume de Marquefave, le prieur Pierre Puncti, s’engagent à fournir le pain, le vin et le sel, c’est-à-dire tout le nécessaire, et proclament que lorsque cet hôpital aura trouvé dans le cloître de l’abbaye un four, il le possédera sans avoir à payer aucun impôt.

Pour compléter la dotation de cet hôpital, le comte donnait les revenus, « lo logar », le loyer d’un moulin qu’il possédait près du