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juillet 1574, à 10 heures du matin, Jacques Vedelly, « estudiant en l’Université », s’acheminait vers le vénérable collège Saint-Raymond et s’adressant au prieur et aux collégiats présents, il leur faisait remarquer qu’un certain Arnaud Guitard, l’un d’entre eux, était absent depuis 25 ans, que sa place était vacante, et il demandait à être admis dans le collège pour le remplacer… Le prieur se dressa contre cet importun et refusa de le recevoir, et cela, malgré un règlement du 23 janvier 1562 qui défendait aux collégiats de passer plus de sept ans dans le collège.

D’autres fois, c’étaient des étudiants inaptes que la faveur installait dans le collège. En 1447, le sindic de Saint-Raymond se plaignait qu’on envoyait des écoliers « qui nec legere, nec construere, nec quidquam intelligere sciebant… qui nunquam viderit Donatum[1] nec regulas grammaticales aut logicales perlegerit… ils étaient incapables de suivre les cours des facultés de droit.

Au XVIIe siècle, ce sont des abus autrement redoutables. En 1626, les collégiats s’appropriaient l’argent des oblations que les fidèles offraient à la chapelle Saint-Raymond et les appliquaient à leurs débauches. La Cour du Parlement dut sévir contre les prêtres perpétuels qui dilapidaient l’argent des messes et avaient dérobé les joyaux de la sacristie.

Le désordre était tel que, le 13 mars 1665, Louis XIV prit le soin de désigner lui-même « notre amé Jean-Georges de Cambolas, docteur en théologie et chanoine de Saint-Sernin » pour gouverner et régir le collège ; il devait assister à l’élection du prieur, à la reddition des comptes, avec droit d’inspection et de correction, jusqu’à priver les étudiants de leurs places collégiales. Ce Jean-Georges de Cambolas était un homme de très haute vertu ; il ne réussit pas à changer le cours des choses et le collège continua à aller à la dérive.

En 1702, le chanoine célerier de Saint-Sernin exposait cette situation lamentable en séance capitulaire : pas un des collégiats n’habitait dans le collège ; ils ne suivaient plus les cours de la Faculté, n’y prenaient plus leurs inscriptions, encore moins leurs grades ; quelques-uns étaient précepteurs d’enfants dans certaines grandes familles. Les prêtres perpétuels avaient déserté leur mai-

  1. Ælias Donat, célèbre grammairien qui avait été le précepteur de saint Jérôme.