Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
CHAPITRE IV.

« …………… Je me contenterai d’indiquer quelques dispositions utiles à la sûreté comme à la commodité des hommes qui sont destinés à s’embarquer sur une semblable machine, non pour apprendre quelque chose aux marins, mais parce qu’il paraît qu’aucune d’elles n’a été exécutée pour le radeau de la Méduse, qu’on a fait partir, même sans ancre et sans boussole : il convenait de placer au-dessous des mâtures, dont l’assemblage composait la masse du radeau, quelques rangs de barriques à eau, vides, à cause du grand nombre d’hommes qu’il devait recevoir, et dont le poids le fit enfoncer quand on s’y embarqua, en sorte que l’eau le couvrait en entier. Il fallait disposer les menus bois entre et pardessus les pièces principales, de manière à établir une plate-forme la plus unie possible, recouvrir le tout de planches bien clouées, employant celles du faux pont, et démolissant, au besoin, tous les caissons, coffres inutiles au voyage, cloisons, etc. : on formait ainsi une espèce de tillac. Des chandeliers de bastingage, installés tout autour du radeau, devaient supporter des filières en corde faisant garde corps. Ces chandeliers, très-multipliés à dessein, eussent d’ailleurs servi de tolets de nage, quand le temps eût permis de se servir des avirons de rechange des canots, qu’il ne fallait pas négliger d’emporter. Dans le beau temps, un aviron de galère eût pu servir de gouvernail au radeau, qu’on pouvait au reste gouverner à l’aide des autres moyens employés par les